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Cliqué sur ce lien et attendé une douzaine de minutes pour entendre la Conférence donné par Yann Fouéré, à KERVREIZH, Paris, a sa sortie de prison pour le FLB, en 1976.

La première partie de l’enrégistrement est une conversation en Anglais, entre les députés au Parlement Européen qui avaient intervenues pour la mise en liberté de Yann Fouéré – ensuite une introduction en Francais à l’intervention en Francais de Yann Fouéré.

http://fondationyannfouere.org/wp-content/uploads/2010/05/speech-sortie-de-prison-1976.WAV

Cliqué sur le lien suivant et attendé une quinzaine de minutes pour entendre une entrevue par Radio Canada avec Yann Fouéré le 20 Février 1980, sur ‘Le Nationalisme Breton’.

http://fondationyannfouere.org/wp-content/uploads/2010/05/le-nationalisme-breton-20fevrier-1980.WAV

Cliqué sur le lien ci-dessous et patienté une trentaine de minutes pour écouter la Conférence de Yann Fouéré sur ‘Les Nations sans état dans l’Europe de 1992’, du 23 Mars 1990. L’introduction, en Breton et en Francais, est suivie par l’intervention de Yann Fouéré. Regretablement le son est déformé.

http://fondationyannfouere.org/wp-content/uploads/2010/05/conference-yann-fouere-24-mars-1990.WAV


Cliqué sur les icones et patienter…pour entendre la Conférence.

1991 Conférence par Yann Fouéré à Montparnasse, Paris:

‘ De la Bretagne à l’Europe – l’Itinéraire d’un Militant ‘.

Audio Audio

1  et  2

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Cliqué sur les liens pour la version Audio de la Conférence ci-dessous.

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http://www.fondationyannfouere.org/wp-content/uploads/2012/07/02Track2.wma

Congrès du POBL, les 20 et 21 novembre 1982, à Paris.

 

Discours de Yann Fouéré.

 

On avait mis fin au seul empire fédéral qui avait une idée fédéraliste: l’Empire Austro-hongrois, on ne sait pas et on ne le dit toujours pas qu’il y avait des contingents dans l’armée, et qu’ un officier de l’armée impériale autrichienne devait parler la langue de ses soldats, et ça on n’ a jamais voulu l’avouer mais comme cet état était à la fois une monarchie et un état catholique, il y a eu ici et dans les autres coins d’Europe des forces idéologiques qui voulaient la destruction de cet état fédéral, pour le remplacer par des formations étatiques qui seraient toutes à peu près bâties sur le modèle français. Et c’est ce qui m’a amené petit à petit à une conception d’une Europe qui ne serait pas celle des états. Pas seulement celle des états mais qui serait aussi celle des peuples. Mais des peuples pas des états.

Des nations vraies des communautés de base de l’Europe, et non pas de ces formations nouvelles qui n’ont qu’un siècle et demi ou deux siècles d’existence (c’est la France qui est la plus vieille). Car la vraie Europe ce n’est pas l’Europe des États.

Les États nations tels que nous les connaissons, ce n’est qu’un accident dans l’histoire.

Ce qui est vrai c’est l’Europe qui existe à la base. Nos Nations: la Bretagne, le pays Basque, la Catalogne, la Corse, la Tchéquie, la Slovaquie, la Croatie….Tout cela est la vraie Europe, ceux ne sont pas des formations Étatiques qui voulaient tout centraliser: comme je vous l’ai dit: Un Peuple, Une Nation, un Chef.

 

Et c’est donc cette conception qui a donné naissance à mon livre: « l’Europe aux cent Drapeaux ». Ce livre a d’ailleurs eu plus de rayonnement en dehors de la Bretagne, parce qu’il y a toujours en Bretagne, en ce qui me concerne une espèce de point d’interrogation. Beaucoup de gens viennent me voir en Irlande qui n’auraient pas l’idée de venir me voir en Bretagne. C’est humain peut-être, je ne suis pas très fréquentable parait-il. Cela ne m’a jamais gêné beaucoup, mais enfin quand même ça existe. Et c’est pour ça que parmi nos amis européens, beaucoup ont lu et apprécié: « l’Europe aux cent Drapeaux ». Peut-être plus que n’ont fait nos amis militants bretons car ils n’ont pas toujours l’arrière pensée de dire : « et bien c’est Fouéré….attention… ». Nous en sommes encore là…

L’Europe malgré tout est une chance, en ce sens que c’est une formation pragmatique qui se bâtit peu à peu. Mais qui inévitablement se bâtira sur des réalités, et ces réalités ceux ne sont pas seulement des États mais aussi des Régions, celles des Peuples. L’Europe des Peuples se confond avec l’Europe des Régions. C’est pour ça que j’ai appelé mon livre: « l’Europe aux cent Drapeaux ».

Car les drapeaux des États ne sont pas suffisants dans l’Europe de demain. On me dit que c’est une très belle idée mais un peu utopique et je réponds oui, mais attendez un peu, il n’y a pas si longtemps, et je vous cite un extrait d’un discours de Jacques Delors – ancien ministre des finances Français, présidentiable à la République – qui dirige actuellement la communauté Européenne à Bruxelles, la communauté des douze: « La Communauté n’existera vraiment que si les Etats nationaux permettent à leurs Régions de dialoguer sans entrave avec l’exécutif fédéral qui doit devenir tôt ou tard la commission de Bruxelles ».

On s’oriente à l’heure actuelle petit à petit et pragmatiquement comme le désiraient les fondateurs  de la communauté Européenne, Nawal, Morin, Schuman, vers une communauté qui adopte et adoptera les structures fédérales, et c’est là que nous devons,  nous peuple de l’Europe, intervenir…

Ceux ne sont pas les États Historiques qui doivent construire cette Europe, ceux sont les réalités de base du continent, les communautés naturelles dont nous faisons partis et dont nous sommes les représentants.

Cette vocation fédérale de l’Europe ne peut à mon sens que s’affirmer.

Lorsque la communauté européenne s’est fondée, il y avait surtout des États historiques et centralistes, à part l’Allemagne et l’Italie, pourquoi? Parce que ces deux états avaient été vaincus et que dans leur naïveté, les dirigeants français et peut-être d’autres états pensaient les affaiblir en les dotant d’un régime fédéraliste, or cela fait leur puissance, leur force et leur attraction.

Et bien la France n’a pas encore réalisé cette mutation, elle est en retard, et c’est dans ce sens que les Bretons doivent travailler, car la construction de l’Europe des peuples et des régions est un complément et une finition pour leur lutte personnelle qui doit subsister, qui doit continuer à agir contre vents et marées, et des vents et marées il y en a…

Nous avons aussi des modèles, et malheureusement encore ici la France est en retard.

Je vais vous lire quelques passages de la Constitution – c’est un peu mon métier, car je suis constitutionnaliste  – La France est régit par la constitution de 1958, la France change aussi souvent de constitution qu’elle change de gouvernement et de système électoral. Cela dépend de chaque gouvernement qui cherche à en tirer parti au maximum.

 

Article un«  La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale, elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race et de religion. »

On ne parle pas de la Langue. Il y a bien une disposition dans la constitution qui parle d’autodétermination des peuples, mais cela ne s’applique qu’aux peuples dits d’Outre-mer., ça ne s’applique pas ailleurs. On pourrait penser, à la rigueur, que la Réunion, la Martinique ou la Guadeloupe pourrait avoir le droit à l’autodétermination, mais ceux sont des départements français.

Il y a toute fois dans l’article 55, Línea 6, un petit texte qui est intéressant et qui dit que les traités et les accords internationaux régulièrement ratifiés ont une autorité supérieure à celles des lois.

Cela n’a pas été adopté sans difficulté, il n’y a pas tellement de temps que le Conseil d’État refusait de reconnaître cette suprématie de la loi internationale sur la loi interne. Donc si je dis que la France est en retard c’est que dans les États qui forment actuellement la Communauté, la plus importante, l’Allemagne, est un État Fédérale, c’est à dire que  dans la République Fédérale Allemande, le pouvoir est concentré pour les matières pratiques – l’administration, les finances…- dans les ‘Landers’, c’est à dire des États qui font partis de la République Fédérale Allemande. Donc la plupart de ces pouvoirs pratiques, à part la Défense et la Politique Étrangère, sont exercés par ces ‘Landers’. L’Allemagne est déjà orientée – bien que ce ne soit pas vraiment elle qui en soit responsable – vers la création d’un état véritablement Fédéraliste.

L’Italie a aussi une Constitution à base Fédéraliste, bien que La République Italienne qui est un des membres fondateur de l’Europe, se dit comme la France une et indivisible, c’est inscrit dans sa constitution (article 5). Mais, la Constitution ajoute, qu’elle reconnaît et favorise les autonomies locales, elle adopte les principes et les méthodes de sa législation aux nécessités de l’autonomie et de la décentralisation. Un article supplémentaire dit: « La République protège par des mesures convenables les minorités culturelles et linguistiques ». Cela n’existe pas dans la constitution française. Il y a donc là un argument que nous devons rapporter à chaque fois que nous faisons de l’action politique internationale. Pourquoi dans l’Europe de demain certains peuples auraient droit très normalement, très légalement à des libertés et des pouvoirs que les autres peuples n’ont pas. Donc à l’heure actuelle notre politique est d’essayer d’enserrer la France, l’État français, dans un réseau d’obligations internationales. Il y a bien sûr sur la Convention européenne des Droits de l’Homme. Il y a aussi d’autres textes qui limitent la compétence et les pouvoirs de l’état central, de l’état tout court, il y a la « convenance » sur les droits économiques et politiques, il y a la convention de l’enfant, il y a des quantités de textes qui normalement doivent s’appliquer à la France, comme ils s’appliquent aux autres états de la communauté européenne. Mais ici encore la France traîne des pieds car chaque fois que nous avons à faire, dans des conférences internationales ou dans des réunions internationales, aux représentants de l’État français, en général des hauts fonctionnaires, diplomates, chargés spécialement de ce travail, affirment que chez nous il n’y a pas de minorités linguistiques, tous les citoyens sont égaux devant la loi, ils ont tous des droits égaux; et si on appliquait à certains des libertés comme les minorités des autres états que nous n’avons pas, je maintiens – que nous n’avons pas – et bien ça ferait une discrimination vis à vis des autres français. Ils retournent l’argument dans le mauvais sens. Alors que, personnellement, et tous les Bretons, tous les Corses, tous les Alsaciens, tous les Basques disent que ce n’est pas vrai, si vous voulez appliquer les mêmes droits à tout le monde, il faut savoir si ceux sont des droits uniformes ou si ceux sont des droits égaux. Si ceux sont des droits égaux, et bien il tombe sous le sens que ça ne va pas avoir l’application des mêmes droits pour un Breton que pour un Corse qui a une langue différente, il faut qu’il y ait des garanties pour ces minorités linguistiques qui existent en France comme elles existent ailleurs, mais non jusqu’ici encore les représentants de l’État Français nous disent toujours: « Ah, non cela ne s’applique pas à nous. Faisons une réserve sur cet article car nous n’avons pas de minorités. » C’est évidemment nier complètement un problème, résoudre le problème en le niant. Il n’y a pas de problème si on dit et on le répète qu’il n’y en a pas.

Cet obstacle est à vaincre et il faut que nous arrivions à le vaincre. Ça ne peut se faire que par la multiplication de recours internationaux contre l’État français.

On ne donne pas à un peuple des libertés qu’il ne demande pas, on ne donne pas à une population des droits qu’ils ne semblent pas l’intéresser. Il y a une nécessité absolue pour les mouvements bretons politiques, culturels, sociaux et autres d’affirmer leur particularisme, leur distinction, leur volonté que ces problèmes qu’ils exposent soient résolus.

Ceci dit,  il ne faut jamais négliger d’appeler, avec une Europe qui petit à petit prend cette structure fédérale, à une autorité supérieure et de forcer la main à une administration qui ne veut pas entendre parler de la diversité qui est reconnue par bien d’autres peuples et d’autres états. Depuis que la communauté européenne existe, non seulement l’Allemagne et l’Italie ont des régimes pré fédéraux, les Italiens s’intitulent « État à autonomies régionales » et depuis la mort de Franco, il y a aussi le passage de l’Espagne à ce système. Il y a des communautés autonomes, Basques, Catalanes, Andalouses. On a d’ailleurs assisté à des naissances de mouvements autonomistes, régionalistes en Espagne, alors qu’ils n’existaient pas avant parce que justement on leur a donné la possibilité d’avoir les mêmes droits que d’autre population. Je n’avais jamais entendu parler de l’autonomisme Andalouse avant la création en Espagne de lois Fédéralisées, qui existent aujourd’hui, ils ont des représentants au parlement Espagnol et même au sein du parlement européen. Mais le système politique, administratif français est encore imperméable à ce genre de chose. Pour qu’il l’accepte petit à petit il faudra une nouvelle génération de fonctionnaires et encore les fonctionnaires sont nourris dans le sérail, ils se nourrissent de leur propre tradition. Mais je crois qu’on n’y échappera pas, c’est un espoir pour nous. Cette autonomie bretonne que nous demandons s’imposera petit à petit, naturellement si nous combattons pour l’avoir, mais aussi parce que à l’heure actuelle au sein des sphères supérieures de l’Europe, il y a un préjugé favorable à ce genre d’administration et de politique.

Non seulement  les grands états de la communauté européenne ont un système fédéral ou pré fédéral: Allemagne, Italie, Espagne, mais des petits états comme la Belgique vient de se diviser en pratiquement deux états, administration et état Flamand, administration et état Wallon.

Ce système fonctionne tellement bien, qu’on se demande ce qu’on pourra faire pour empêcher les Allemands de devenir trop puissant. Ce système là peut s’appliquer chez nous, et je crois que c’est une chose qui ne peut pas manquer d’arriver, à condition que nous nous battions pour cela.

J’ai synthétisé en espèce de raccourcie de ma carrière personnelle liée à ces problèmes qui m’ont toujours préoccupés, pour lesquels je me suis toujours battu. Évidemment certains de mes amis m’ont dit: « Fouéré, tu aurais pu faire une très belle carrière dans l’administration!!! » Bien sûr, enfin, il faut savoir si dans la vie, il y a une seule réussite conformiste qui soit souhaitable, il faut penser que la vie est faite quand même de s’occuper de la communauté dont on fait partie et pour essayer d’améliorer son sort, son destin, sa destinée, ses aspirations. Cette défense des valeurs bretonnes me paraît indispensable, car au fond, ces valeurs bretonnes rejoignent les valeurs universelles, celles de la liberté, des peuples, et la nécessité de compléter les droits de l’homme et du citoyen par des droits collectifs, qui reconnaissent la réalité de base qui est celle des peuples et des nations qui en forme la base et auront quand même l’espoir de cette construction politique.

C’est dire que le combat n’est pas terminé, mais j’espère que d’autres pourront le terminer.

Nous avons parlé de ces problèmes avec mes amis irlandais. L’Irlande est aussi un petit pays qui est très centralisé mais il n’a que 5 millions d’habitants maximum, l’inconvénient n’est pas tellement sensible. Que l’Islande qui compte 250 mille habitants soit centralisé c’est à la mesure d’une petite région d’Europe, c’est normal qu’elle ait une structure d’état, elle n’a pas besoin d’avoir une structure intérieure à la différence de la France. Il y a encore deux états dans la communauté européenne qui ont des progrès à faire: la France et la Grande Bretagne. Malheureusement nous autres Celtes, nous sommes dans l’un ou dans l’autre. C’est le combat qu’il nous faut mener en commun en s’aidant mutuellement. Et lorsque je parle de ces problèmes là à mes amis irlandais, ou d’autres peuples, ils me disent: « Vous êtes tout à fait à votre place chez nous! » Je dis pourquoi?: « parce que nous autres Irlandais, nous nous sommes battus à contre courant, tous ceux qui se sont battus dans la politique, dans l’histoire, la littérature, parmi les irlandais sont des gens qui étaient à contre courant de leur temps et de la pensée qui était elle dominante de l’Europe.» C’est un peu comme les saumons, c’est un poisson royal qui vit dans l’océan librement, et qui ne peut se nourrir que dans l’océan, mais qui ne peut se reproduire qu’en eau douce, il naît en eau douce et il faut qu’il se reproduise en eau douce. Le saumons remontent les rivières pour arriver chez eux, ils sont toujours à contre courant, il y a des obstacles à franchir, la sécheresse, les inondations qui augmentent les cascades et les courants contre lesquels il faut se battre. Ils continuent à lutter, à persévérer. Ils continuent car ils veulent absolument rentrer chez eux, c’est cela que j’ai essayé de faire.