De Bratislava à Rome en passant par La Valette avec escale (optionnelle) à Londres.

Réunion Informelle à Bratislava.

C’est le 16 Septembre que les chefs d’états et de gouvernement de 27 pays membres de l’Union Européenne se sont réunis en conclave informel dans la capitale Slovaque, pays qui exerce actuellement la Présidence du Conseil de l’UE. C’était une réunion forcément ‘informelle’, car le 28ieme état membre n’y était pas convié. Si bien le Royaume Uni était le grand absent pour raisons évidentes, les nuages bien sombres du ‘Brexit’ et les implications du référendum de Juin, ont laissé planer leur ombre menaçant sur les délibérations à Bratislava.

Les dirigeants  n’ont pas caché leurs craintes quant à la capacité de l’UE de surmonter la crise la plus aiguë depuis sa création. Même la Chancelière Allemande Angela Merkel, d’habitude très réservée, a parlé de ‘moment critique’ pour l’UE. Le Président du Conseil, Donald Tusk, a souligné la crise de confiance que traversait l’Europe, avec les citoyens de l’UE qui se posent de plus en plus de questions sur leurs avenirs, et en même temps se sentent de plus en plus aliénés par les décisions prisent par les dirigeants politiques. Ils s’aperçoivent que face aux crises qui se succèdent, que ça soit les attentats terroristes, la stagnation économique ou l’arrivée massive des réfugiés, la réponse des états membres de l’UE a été tout le contraire d’une Union basée sur la solidarité et des valeurs qui ont marqué la construction européenne tout au long de son histoire.

L’Europe risque de perdre son chemin

Le résultat du vote Britannique en Juin dernier a été la goutte d’eau qui a fait trembler toute l’Europe, tout en donnant du vent aux voiles des partis populistes qui cherchent à détruire l’Europe et retourner aux nationalismes du passé. Malheureusement les gouvernements de certains états membres, comme la Hongrie, jouent  sur ces craintes et cette manque de confiance pour promouvoir une politique qui cherche à détruire le principe de solidarité au sein de l’Union ( voir notamment le referendum organisé le 2 Octobre par le gouvernement du Premier Ministre Victor Orban pour rejeter les propositions de la Commission Européenne pour que le fardeau des réfugiés arrivés dans l’UE soit partagé équitablement entre les états membres ). Ce même gouvernement, ainsi que celui notamment de la Pologne, avec leurs politiques de  contrôles sur les médias et politisation du système juridique remet en cause les valeurs fondamentales de liberté et démocratie qui ont toujours marqué le projet  d’intégration européenne.  Face à ces attaques, les institutions de l’Union restent malheureusement impuissantes, bien que la Commission Européenne ait entamé une procédure d’investigation à l’encontre du gouvernement Polonais.

La déclaration adoptée à la conclusion du conclave de Bratislava a eu pour but de démontrer que malgré tout, l’UE et le projet d’intégration européenne reste la seule voie pour faire face à tous ces défis. Elle a établi un plan d’action couvrant les points les plus urgents (migration, sécurité et renforcement de la coopération entre les services de renseignements et les forces de police, augmenter la coopération en matière de défense, et développer des actions pour accroître l’emploi, en particulier pour la jeune génération). Un plan bien modeste pour certains, mais réaliste pour d’autres. Mais est-ce que ça sera suffisant pour donner un nouveau souffle au projet d’intégration?

Après le vote, Londres sombre dans le Brouillard

Les 27 ont convenu de se réunir à nouveau en séance informelle à La Valette, au début de 2017, Malte étant le prochain pays qui assumera la Présidence du Conseil de l’UE le 1ier Janvier. Entre temps, les réunions habituelles des chefs d’états et de gouvernements des 28 états membres auront lieu en Octobre et en Décembre. L’ambiance restera cependant très sombre, avec l’incertitude toujours grandissante de l’impact tant pratique que psychologique du départ du Royaume Uni de l’Union. Même le gouvernement lui-même, avec le nouveau Premier Ministre Theresa May qui a remplacé David Cameron à 10, Downing Street, ne semble pas savoir exactement la voie à suivre dans la future relation à développer avec l’Union Européenne des 27 états membres.  Tant que le gouvernement n’aura pas formellement annoncé son intention de quitter l’UE, (annonce qui déclenchera le fameux Article 50 du Traité de L’Union), les négociations pour le divorce ne peuvent pas commencer.  Ces négociations, une fois entamé, auront, selon le Traité, une durée de deux ans avec possibilité de prolongation. C’est ainsi que l’incertitude régnera sur l’Europe précisément  au moment où l’Union aura besoin de consacrer toute son énergie pour répondre aux défis actuels.

 Réunion dans la Cité Éternelle – Une nouvelle chance pour l’Europe.?

 C’est en Mars 2017 que les chefs d’états et de gouvernement se réuniront à Rome pour marquer le 60ieme anniversaire du Traité de Rome. Ça sera le prochain ‘grand rendez-vous’ de l’UE avec l’histoire. Est-ce que les chefs d’états et de gouvernements vont retrouver le courage pour redonner au projet d’intégration un nouvel élan. Le fait que c’est une année électoral pour les deux pays (La France et l’Allemagne) qui continuent à jouer un rôle fondamental pour le futur de l’Union, risque de limiter les initiatives souhaitées. Mais c’est aussi une occasion unique pour démontrer  que l’Union Européenne n’a de sens que si elle répond aux besoins des citoyens, des communautés locales et des régions. C’est “ l’Europe des peuples” qu’il nous faut, et rien de moins.

Erwan Fouéré.