Le P.OB.L. et le réveil politique breton d’après guerre.
Celui qui étudie l’histoire « vraie” de la Bretagne et du peuple breton, et qui ne se contente pas de l’image édulcorée et mensongère qu’en donnent les historiens « officiels » de l’État français, ne peut qu’être frappé de l’esprit de « résistance » qui l’anime à l’égard de le France, et inversement, de la constante volonté de cette dernière d’effacer de la carte de l’Europe l’identité et l’existence même de notre vieille nation. Notre nation est millénaire. Elle est née bien avant la France, forgée dans les combats qu’elle a mené pour défendre sa liberté et ses droits de peuple distinct. Elle a utilisé pour ce faire, au cours de son histoire tous les moyens possibles alternant selon les époques combats pacifiques et révoltes ouvertes.
C‘est pour se défendre que la Bretagne ait créé son « État » car contrairement à la France elle était nation bien avant d’être État. La France au contraire a construit son État, basé sur la conquête, pour tenter de créer une nation « une et indivisible ». C’est ainsi que s’est créé le « jacobinisme » qui continue encore aujourd’hui d’inspirer tous les appareils de l’administration et de l’État français, qu’ils obéissent à une idéologie dite de droite ou à une idéologie dite de gauche. 0n s’en rend de plus en plus compte de nos jours. La France continue à se méfier de la Bretagne, malgré les courbettes de certains de ses plus mauvais films…
Le combat dans lequel nous nous insérons est ancien. On peut en retrouver la trace dans presque toutes les époques de notre histoire. Notre époque ne fait pas exception. .. .
Après la dure répression anti-bretonne qui a marqué les années d’après guerre, et qui avait véritablement « décapité le mouvement ou Emsav » politique et culturel bretons, ces derniers ont fini par relever la tète. C’était le but du « CELIB » d’unir tous les Bretons dans la défense des intérêts économiques de la Bretagne, comme c’était le but de Kendalc’h de défendre les intérêts culturels porteurs de notre identité de peuple. Le but du MOB (Mouvement pour l’Organisation de la Bretagne), était de faire la synthèse de ces combats et de lutter pour montrer qu’intérêts économiques et intérêts culturels me pouvaient être défendus, ni leurs combats menés à bien sans que la Bretagne et le peuple breton jouissent d’un minimum « d’autonomie politique », administrative et financière: réunification administrative de la Bretagne, assemblée élue par le peuple breton, autogestion de la Bretagne par les Bretons eux mêmes; droit de s’occuper enfin de tout ce qui les concerne en propre et ne concernent pas les autres citoyens de l’hexagone français.
Après les élections législatives de I962, cependant les efforts du CELIB se heurtent à nouveau à l’hostilité déclarée du gouvernement français et de l’administration centraliste de Paris. Le premier ministre Michel Debré affirme « il n’y a pas de politique bretonne en France: il y a une politique française appliquée à la Bretagne… »
De l’extrême gauche à l’extrême droite en passant par le centre, la politique idéologique française reprenait tous ses droits pour s’opposer à tout ce qui était breton…
La création du F.L.B (Front de Libération de la Bretagne) qui fait son apparition après les élections de I962, est en fait une sorte de réaction spontanée contre les efforts du pouvoir parisien pour neutraliser la Bretagne. Elle amène aussi, attisée par les services du gouvernement, aux scissions et divisions au sein du mouvement breton, et jusqu’au sein du F.L.B lui même…
Le POBL (Parti pour 1’Organisation d’une Bretagne Libre) est de nos jours une des filiations directes du MOB comme du mouvement nationaliste, autonomiste et fédéraliste breton d’avant guerre. Il fait écho et renouvelle les efforts des Bretons de tous les partis, de toutes les opinions et de toutes les tendances qui au cours des siècles ont lutté pour que la Bretagne et le peuple breton retrouvent la part intégrale de souveraineté qui lui est de plus en plus nécessaire au sein de l’Europe des Peuples et des Régions, cette Europe aux Cent Drapeaux qui se construit sous nos yeux.
Yann Fouéré
Lectures indispensables:
Toutes les histoires de Bretagne non conformistes :la liste en est longue depuis Bertrand d’Argentré jusqu’à Danio.
Alain Deniel: Le Mouvement Breton’`, Maspero éditeur (s’arrête en 1945)
Enfin les ouvrages de Yann Fouéré:
‘Histoire Résumée du Mouvement Breton’, (les Cahiers de l’Avenir)
‘De la Bretagne à la France et à l’Europe’, id.
‘La Bretagne écartelée’, Nouvelles Éditions Latines Paris
‘L’Europe aux Cent drapeaux’, Presse d’Europe Paris et Nice