Yann Fouéré pour le MOB

Yann Fouéré

Est-il besoin de le présenter? Dans le combat breton, c’est celui de  l’équipe du MOB qui a le plus de lettres de noblesse, celui qui a le plus de détracteurs et le plus de partisans, le plus d’ennemis et le plus d’amis, car les uns ne vont pas sans les autres. Bourré de diplômes, plutôt que d’être inspecteur des finances ou préfet, il a préféré abandonner cette dernière carrière pour répondre à l’appel de son pays. Président des Étudiants Bretons dans les années 30, européen convaincu et militant des organisations internationales qui gravitent autour de la S.D.N, administrateur au Ministère de 1’Intérieur, il fonde organise et orchestre, très jeune encore, la magnifique campagne d’Ar Brezoneg er Skol en faveur de 1’enseignement du breton, campagne à laquelle on doit l’unanimité présente de la Bretagne en faveur des droits de sa langue. Le plus jeune Vice Président de la Fédération des Sociétés Bretonnes de Paris, il regagne la Bretagne à l’automne de 1940, fonde le quotidien régionaliste « La Bretagne » et devient le plus jeune directeur de quotidien de France.

Contre toutes les autorités, celles de Vichy comme celles des Allemands, il défend sans cesse, pied à pied, dans un article quasi-quotidien et par son action, les droits et les intérêts bretons. Lorsque le Comité Consultatif de Bretagne est crée auprès de la Préfecture Régionale de Rennes en 1942, première assemblée bretonne depuis la suppression des États de Bretagne cent cinquante ans auparavant, il  est porté par la confiance de ses collègues au Secrétariat Général de cette Assemblée.

De telles réalisations ne se font pas sans bousculer bien des intérêts, éveiller bien des incompréhensions et des méfiances, susciter bien des haines. Pour la réaction anti-bretonne, Yann Fouéré était un des chefs à abattre. Emprisonné pendant un an, puis relâché, il rompt un combat inégal en 1946 et disparaît à la veille de comparaître devant  les Tribunaux d’Exception baptisés Cours de Justice, non sans toutefois avoir déclaré en substance à ses juges, dans une lettre ouverte: «Je reviendrai… lorsque vous aurez la possibilité de juger plus sainement. » Fidèle à sa promesse, ayant laissé passer quelques années, il est revenu: le tribunal Militaire de Paris ne pouvait faire autre chose que de 1’acquitter de toute accusation de collaboration et que de proclamer ainsi, devant la garde en armes, la pureté du combat de ce patriote breton désintéressé.

Il est revenu non sans avoir connu lui aussi la vie clandestine, les passages irréguliers de frontières, les mille et une aventures pittoresques de la vie d’un hors la loi et d’un exilé. Avec sa femme et ses jeunes enfants il a connu et surmonté les heures difficiles et la pauvreté. Du Pays de Galles à l’Irlande il a fait de multiples métiers: de professeur de collège à celui d’Université, de vendeur de pommes frites et de pâtés de foie au fondateur de 1’industrie prospère qu’il dirige encore aujourd’hui dans 1’extrême ouest irlandais. Devenu l’homme « le plus occidental de l’Europe”, comme il se qualifie lui-même, il aurait pu rester jouir en paix des fruits de son travail, de ses efforts, et de ses épreuves dans l’admirable paysage de montagnes, de lacs, et de baies harmonieuses parsemées d’îles sur lequel, des fenêtres de sa maison océane, il repose ses yeux . A l’appel du MOB pourtant il a repris du service, recommencé le combat et le travail interrompus.

Aujourd’hui il partage son temps entre la Bretagne et l’Irlande, entre ses deux domiciles et ses deux patries. »C’est si près », dit-il: pour cet homme qui, pour les besoins de sa profession tient chaque jour les plus grandes villes d’Europe au bout de son téléphone, les distances ne comptent plus…Bien près de la cinquantaine il est malgré tout resté en esprit un des plus jeunes de l’équipe, un de ceux qui se penchent le plus volontiers sur les problèmes et les besoins des jeunes: « Ce qu’un homme fait de bien dans la vie,’ dit-il, ‘il le fait avant quarante ans. » Lorsqu’il nous arrive, entre deux trains, ou deux avions, le visage bronzé par les vents du large, sentant encore l’océan et la lande, il apporte aux Conseils du MOB sa force calme et tranquille, la solidité de son expérience, de ses convictions et de sa foi bretonne, mais aussi le feu intérieur que trahit le regard.

De la prison à l’exil, de ladministration aux affaires, il a parcouru la carrière classique qui forge, pêle-mêle, les révolutionnaires et les hommes d’État, les poètes et les hommes d’action. Il est le témoignage vivant que l’on peut victorieusement surmonter les épreuves les plus dures au service d’une cause si l’on a eu la vertu de s’y attendre et le courage de s’y préparer. Il aime

à répéter, « Une politique intégralement et sainement bretonne se situe au dessus de tous les partis, de toutes les classes et de toutes les croyances… Lesprit d’une nation s’incarne toujours dans quelques hommes… Un pays ne peut accéder sans combats ni sans sacrifices à la gestion de ses propres affaires…«  Dans son bureau, côte à côte, le portrait de deux hommes aux destins semblables, deux martyrs irréprochables tombés pour leur pays: Patrick Pearse, et Jean-Marie Perrot….

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