Mars 2016
Pour consulter La lettre d’informations no.3 de l’IDBE – Merzh/Mars clicé sur le lien ci-dessous:-
http://t.emk01.com/mPwv_m/mXNlZlrGdmJlZWdnlV3IoW6aa5qTZmuKyqFqZm9im2tem21lWsp2Y2FkamGVapKVaoVmkp1nZ56WlF6ZdGOKoXVnZ2dsm3BXoXBkWtF0y9Zbyqifm5WbxpqYbWudZJeaaWholpeZm5aWl2mampyZlWnGa5KVZmqXn5melw
Une cinquantaine de personnes étaient présentes au Centre Culturel Breton de Guingamp ce 5 mars dernier pour prendre part attentivement à la conférence animée par Yves Mervin à l’occasion de la sortie de son troisième opus : « Viens rejoindre notre armée ! »
« L’intervention s’est articulée en deux parties : un exposé appuyé par un powerpoint à vocation illustrative suivi d’une série de questions-réponses. Après avoir détaillé très honnêtement ses méthodes de travail, proches de l’enquête policière (dossiers, fichiers, pièces, croisement des sources, visites sur place, travail en archives, témoignages …), l’auteur a expliqué comment il en est arrivé à constituer une somme de dossiers qui lui permettent maintenant de tirer quelques lignes directrices. L’analyse des faits induit la théorie, pas l’inverse. Yves MERVIN insiste beaucoup pour bien séparer le factuel des « jugements de valeur » et autres a priori rendus d’autant plus faciles que leurs auteurs s’expriment après les faits, une fois connue la « fin de l’histoire ». D’ailleurs, Yves MERVIN précise qu’il ne souhaite pas théoriser mais exposer des faits que chacun pourra interpréter ou juger à sa guise.
Des bilans d’opérations militaires entre les maquis et les Allemands toujours exagérés. Yves MERVIN explique qu’il n’est pas facile de faire émerger la vérité quelques décennies après les faits … surtout quand elle se trouve en contradiction complète avec les récits dits de référence.
Les règlements de compte plus meurtriers pour les bretons que la résistance pour les Allemands ! C’est la deuxième conclusion d’Yves MERVIN. D’après ses calculs et la compilation de ses dossiers, pas moins de 600 bretons (des civils, dont des femmes et des enfants) ont perdu la vie avant la Libération et lors de l’Épuration. Nombreux exemples dans le livre. Chiffre à rapporter à la fourchette des morts allemands ci-dessus. N’en déplaise aux contradicteurs, les chiffres sont têtus …
Le cas des nationalistes bretons, une mosaïque de destins. Cette partie de l’exposé a particulièrement retenu l’attention du public. Refusant le manichéisme, Yves MERVIN a présenté l’historique du mouvement nationaliste puis national breton jusqu’aux différentes formations agissant sous l’occupation. Lire le détail dans « Viens rejoindre notre armée » pour décortiquer les linéaments des relations entre Lu Brezhon, Bagadou Stourm, Kadervern … suivant essentiellement un modèle irlandais et non germanique (et encore moins nazi). L’auteur décrit très bien le durcissement progressif de fin 43 début 44 et les destins qui basculent. Tel ancien des Bagadou se retrouve à le Bezen Perrot, tel autre dans le maquis résistant Liberté … Mais ces parentés et nuances ne sont pas forcément à mettre en avant. C’est pourtant toute l’argumentation, brillante et étayée, d’Yves MERVIN. En quelque sorte, le mouvement breton a été assimilé par ses contradicteurs aux pires exactions des auxiliaires du SD, sans distinction aucune. Je ne commente pas les développements plus récents puisqu’ils s’éloignent du segment temporel qui nous occupe ici.
Les réécritures post 1944. Yves MERVIN donne quelques exemples de réécritures et des difficultés pour faire émerger la vérité. Sont évoqués les fusillés de Garzonval (affaire de la maison SOURIMANT à Bourbriac) et en contrepoint les sabotages du maquis Liberté. Quelle différence de traitement par l’Histoire ! D’une part des dossiers de victimes dont les caractéristiques résistantes ont été, disons, amplifiées et magnifiées par les cérémonies, et de l’autre l’obligation faite aux anciens de Liberté de montrer patte blanche et de littéralement « prouver » leurs faits de sabotage et de résistance. Aucune plaque commémorative pour ces résistants ! Par contre, des certificats de complaisance attribués par le parti que l’on sait et qui n’étaient pas soumis à pareille procédure. »
En conclusion, un exposé posé, sans contradicteur dictateur venu semer la confusion.
Un excellent buffet offert par l’IDBE a clôturé cet après-midi riche en enseignement d’une Histoire qui devrait faire couler encore beaucoup d’encre.
* la partie entre guillemets en italique est extraite du compte-rendu de David Jardin paru sur le forum 1939-1945 et sur le blog de HSCO (Histoire critique et scientifique de l’Occupation). https://hscofrance.wordpress.com/